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Contrats ANR
Respirer inégalement: Pollution atmosphérique, développement de l’enfant et reproduction de l’inégalité sociale (BREATHE)
La pollution atmosphérique s’est imposée comme un problème environnemental et sanitaire majeur, responsable d’environ 6,5 millions de décès par an dans le monde. De plus en plus, la littérature fait état d’impacts sur tous les systèmes organiques, y compris le développement du cerveau. L’impact de la pollution sur les enfants et les populations défavorisées, qui sont à la fois plus exposés et plus vulnérables, est particulièrement préoccupant.
Ce projet vise donc à étudier l’impact de la pollution atmosphérique sur le développement cognitif et socio émotionnel des enfants en France, dans le temps et dans l’espace, et à mieux comprendre le rôle de ces polluants dans l’apparition d’inégalités socio-économiques dans le développement de l’enfant.
Ce projet apporte plusieurs innovations conceptuelles à cette littérature. Tout d’abord, la pollution de l’air est associée à d’autres désavantages, la pollution sonore, les caractéristiques du voisinage, etc. qui sont souvent inexplorés dans la littérature. Il intègre ces facteurs dans ses modèles conceptuels et empiriques, à la fois pour estimer un effet plus propre de la pollution de l’air sur le développement de l’enfant, et pour évaluer les désavantages cumulés auxquels les enfants sont confrontés.
Deuxièmement, les données et méthodes utilisées permettent d’appliquer un cadre de parcours de vie pour étudier la dynamique et l’accumulation des expositions au fil du temps. Ceci est conceptuellement important car nous savons que les enfants sont soumis à différents processus de stratification sociale au fur et à mesure qu’ils vieillissent, et la neuroplasticité de leur cerveau signifie que les différents domaines du développement de l’enfant ont des périodes sensibles différentes au cours desquelles ils seront le plus à risque.
Enfin, ce projet se distingue par l’utilisation de données longitudinales liées et représentatives au niveau national, de méthodologies innovantes et d’une approche multidisciplinaire. Il contribuera à la littérature académique et aura d’importantes implications politiques.
Responsable scientifique au CRIS : Lidia Panico. Durée du projet : 4 ans (Lancement 31/03/2025). Recrutement en cours : Data Manager (date limite 8 mai)
Partenaires :
- CRIS : Lidia Panico, Bastian Betthäuser
- Institut National d’Études Démographiques (INED)
- Institut des Politiques Publiques (IPP)
- Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)
Télétravail et inégalités d’offre de travail et emploi du temps des ménages (WHIN)
Le travail à domicile est en plein essor et on prévoit qu'il restera répandu à l'avenir. Cela a des implications pour la vie quotidienne des ménages, le bien-être et les inégalités qui ne sont pas encore complètement comprises. Depuis la pandémie de Covid, le travail à domicile est répandu au sein de l'OCDE, avec un travailleur sur cinq travaillant au moins un jour par semaine à domicile en France. La plupart des travailleurs peu qualifiés n'ont cependant pas l'opportunité de travailler à domicile, tandis que les emplois peu qualifiés sont détruits en raison du décalage spatiale. Il est difficile de prédire a priori si la diffusion du travail à domicile peut contribuer à réduire les écarts entre les sexes dans le travail rémunéré et non rémunéré, profondément enracinés dans les normes culturelles de genre, ou plutôt ajouter aux inégalités au sein et entre les ménages dans l'utilisation du temps. À ce jour, il n'existe pas de modèle théorique de prise de décision des ménages tenant compte du travail à domicile. Ce projet vise à combler ces lacunes dans la littérature. L'objectif est de développer un modèle théorique de prise de décision des ménages tenant compte de la possibilité de travailler à domicile, et qui s’inspirerait des modèles collectifs, de la théorie des transmissions culturelles et de la sociologie de l'utilisation du temps. Nous fournirons de nouveaux résultats empiriques pour un groupe sélectionné de pays, différents en termes de normes culturelles de genre, de structure industrielle et de diffusion du travail à domicile : la France, l'Italie, la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ce projet abordera la question du travail à domicile, sous l'angle de l'allocation du temps des ménages et des normes culturelles de genre et dans le cadre d'une approche multidisciplinaire, en éclairant les retombées pour les inégalités entre les sexes et sociales.
Responsable scientifique au CRIS : Laurent Lesnard. Durée du projet : 01/10/2024 - 30/09/2029.
Partenaires :
- École d’Économie de Paris (PSE)
- Université de la Réunion
- CY Cergy Paris Université
Classe, communauté et contexte dans la diffusion de la désinformation à l’ère numérique (ACTIVEINFO)
What shapes whether people receive, believe, and share disinformation? The rise of “fake news” has become an area of deep concern worldwide, potentially threatening everything from political elections and vaccine acceptance to the current war in Ukraine. The online spread of disinformation raises questions more broadly about the role of information in democratic societies, with more and more people engaging with news online and in a variety of formats. Despite a dramatic increase recently in disinformation research, a crucial and remaining puzzle is that a large number of people believe fake news claims while only a small number of people (often below 1%) consume fake news in their daily news diet (Allen et al. 2020; Fletcher and Nielsen 2018; Grinberg et al. 2019; Tsfati et al. 2020). How and why do people report that they trust unverified information if they are not actually consuming this news directly? To understand this empirical disconnect in the process of the diffusion of disinformation in the digital era (3Ds), this mixed-methods research advances the state of the art that selects on the dependent variable of digitally visible fake news and top-down levers of distribution. Existing scholarship tends to skew toward top-down powerful players: platforms (like Twitter), politicians (like Putin), or policies (like the GDPR). This extant research has yet to fully examine the broader array of everyday bottom-up active media practices and mechanisms of sharing—or not sharing. Instead, ACTIVEINFO, an interdisciplinary (sociology and communication) and mixed-methods project, will uncover how information – both fake news and otherwise – circulates in the digital media environment and in offline spaces. Taking a deeply contextualized approach, I will harness the power of a two-country comparison based to examine how class, community, and context shape information flows to help answer this puzzle.
Responsable scientifique: Jen Schradie. Durée du projet : 01/10/2022 - 30/09/2026.
Partenaires :
- Northeastern University (David LAZER)
- UNC Chapel Hill (Daniel KREISS)
- Université Paris Saclay (Paola TUBARO)
Pratiques des publics des plateformes de Streaming musical (RECORDS)
Que fait le streaming à notre écoute de la musique ? Que disent les big data collectées par les plateformes de streaming de nos pratiques d’écoute musicale ? Comment les consommations de contenus musicaux et les pratiques d’écoute évoluent-elles à l’ère de l’abondance de l’offre et de la recommandation ? L’hyperchoix donne-t-il lieu à des parcours individuels très dissemblables ? Ces plateformes favorisent-elles essentiellement des écoutes d’« accompagnement » des activités quotidiennes, organisées par les playlists ? Les traces collectées par les plateformes permettent-elles de revisiter les théories de la sociologie des pratiques culturelles ?
Les réponses existantes à ces questions sont aujourd’hui très partielles. Les enquêtes par questionnaire peinent à appréhender en finesse les pratiques d’écoute, au-delà des préférences générales déclarées; les travaux basés sur des entretiens sont centrés sur l’expérience d’une population restreinte, souvent très engagée dans la pratique musicale, et ne sauraient tracer l’ensemble des écoutes; les travaux à partir de données d’écoute manquent de pouvoir explicatif, faute d’information sur les internautes.
Le projet RECORDS propose d’articuler enquête et big data, et d’étudier les questions précédentes à partir d’un matériau empirique d’une diversité et d’une ampleur sans précédent. Il s’appuie sur un partenariat original entre des chercheurs issus des sciences sociales, des sciences du numérique, et l’un des acteurs majeurs de la diffusion musicale en France. Il représente une opportunité unique que seule permet la collaboration de la recherche publique avec une entreprise privée : celle de constituer un corpus articulant les informations déclarées des individus avec l’intégralité des traces de leurs écoutes sur une plateforme depuis plusieurs années. Les chercheurs disposeront ainsi, pour plusieurs milliers d’individus, de données recueillies avec le consentement des utilisateurs, permettant d’analyser conjointement l’ensemble de leurs écoutes réelles, leurs pratiques et goûts déclarés, leurs caractéristiques socio-démographiques et des éléments biographiques tels que les rythmes de vie.
Ce corpus inédit permettra d’approfondir la compréhension de l’écoute musicale en streaming, considérée comme un cas emblématique et précurseur de la consommation culturelle en régime numérique : (1) en explorant de nouveaux modes de représentation de la circulation des œuvres et des personnes au sein des espaces musicaux, et en confrontant ces représentations à celles que s’en font les utilisateurs; (2) en réexaminant la stratification sociale des goûts musicaux et la théorie de l’omnivorisme culturel à la lueur des traces d’écoutes réelles des personnes, en caractérisant de façon multiple les patterns de diversité consommée; (3) en mesurant le rôle des contextes et des caractéristiques sociales sur les pratiques d’écoutes, notamment sur les usages de la recommandation et ses effets. Tirant parti de travaux récents en apprentissage automatique, RECORDS viendra en retour enrichir ces méthodes qui sont à l’œuvre dans les approches actuelles de la recommandation.
Les résultats scientifiques attendus du projet sont ainsi tant méthodologiques, à travers de nouveaux modes de calcul et outils de visualisation de la circulation des personnes dans des espaces de goût, que théoriques, dans le renouvellement des théories de la consommation musicale et la compréhension inédite des ressorts de l’usage ou non des algorithmes. Ils dessineront une vision informée, réaliste et complète des pratiques du streaming musical, au-delà des images de l’exploration illimitée ou de la manipulation par les automates de recommandation. Le bénéfice industriel attendu du projet est directement lié à l’exploitation de ces connaissances nouvelles pour améliorer les plateformes et étoffer leur compréhension des envies de leurs utilisateurs.
Responsable scientifique au CRIS : Philippe Coulangeon. Durée du projet : 01/10/2019 - 31/12/2025.
Partenaires :
- Géographie-Cités
- Centre Marc Bloch
- Deezer
- Orange